29 ans après l’expulsion des Kasaïens du Katanga, aucune justice !
L’un des épisodes les plus sombres de l’histoire de la République démocratique du Congo c’est le refoulement en 1992 des Kasaïens vivant au Katanga. Des femmes ont été violées, des enfants tués, des biens et des propriétés ravis par les Katangais sans que l’armée ni la garde civile de l’époque n’interviennent. Et on veut que les Kasaïens se taisent !
Ce mois d’août marque la commémoration des refoulements des Kasaïens du Katanga. On estime entre 100 000 et 150 000 morts le nombre de Kasaïens morts lors de leur expulsion du Katanga en 1992. « Un véritable génocide », s’exclame Marie Mbuyi, une ancienne refoulée du Katanga. Des centaines de milliers d’orphelins. Les pertes matérielles sont inestimables. A la base de ce pogrom, la haine tribale viscérale contre les Luba du Kasaï. C’était après que le docteur Etienne Tshisekedi (Luba du Kasaï) venait d’être élu Premier ministre par la Conférence nationale souveraine.
Une haine anti-kasaïenne instrumentalisée par des politiciens sans scrupule. Parmi eux, Kyungu wa Kumuanza et Nguz a Karl I Bond dont la jeunesse du parti, Uféri, étaient en première ligne dans cette épuration ethnique au Katanga. Des jeunes militants drogués et organisés en escadrons de la mort, menaient des expéditions punititves nuit et jour à chaque domicile des Kasaïens, au vu et au su des autorités. C’est en cela que le régime de Mobutu était cruel envers le grand Kasaï.
Tôt ou tard, justice sera faite !
Beaucoup de sang kasaïen avait coulé dans l’indifférence la plus totale. Qu’on le veuille ou pas c’est le premier génocide congolais. Aujourd’hui, 29 ans après, les plaies restent vives et ne s’effaceront jamais de nos cœurs. D’autant plus qu’il n’y a toujours pas eu de justice ni de réparation. Comme si la vie des Kasaïens n’a aucune importance. Le drame s’est déroulé sur plusieurs mois en 1992. Même la Belgique, ancienne puissance coloniale, et toute la fameuse communauté internationale, étaient restées spectatrices de cet ignoble génocide.
En raison de l’impunité, la haine anti-Kasaïens au Katanga a pris aujourd’hui les mêmes proportions que dans la décennie 90. Les Katangais n’ont jamais digéré le fait qu’un Luba du Kasaï soit devenu chef de l’État. Sur les réseaux sociaux, ils promettent régulièrement de rééditer les crimes qu’ils ont commis en 1992. Pour eux, 1992 est une année héroïque de leur histoire, comme si chasser et tuer les Kasaïens était un exploit.
Le monde doit savoir que ces Kasaïens tués comme des bêtes ont une descendance et une postérité. Les crimes commis sous l’instigation de Kyungu, Mova et les autres, sont imprescriptibles. « Nous réclamons que tous ces génocidaires soient jugés et condamnés. Nous réclamons l’érection d’un mémorial pour honorer la mémoire des victimes de ce génocide. Aujourd’hui, nous prônons la cohabitation pacifique et la réconciliation, mais cela ne peut se faire sans justice », déclare Gaby Mpoyi qui a perdu ses deux parents lors du refoulement des Kasaïens.
Cliquez ici pour regarder l’une des vidéos retraçant quelques uns des tragiques événements lors des expulsions des Kasaïens.