RDC : une tentative de coup d’État qui révèle d’énormes failles sécuritaires

Le président Félix Tshisekedi a échappé à un coup d’État militaire dimanche 19 mai 2024. Un groupe d’assaillants conduit par un certain Christian Malanga, a pris le contrôle du palais présidentiel pendant environ une demi-heure. Le coup a échoué, mais il a eu l’avantage de mettre en lumière les insuffisances sécuritaires dans la protection du président Tshisekedi.

Ce qui est curieux c’est que le chef des assaillants, Christian Malanga, un congolais vivant aux États-Unis, a réussi à rentrer sur le territoire de la RDC sans être interpellé. Pourtant, il était connu pour ses ambitions de prendre le pouvoir par la force à Kinshasa. Pour cela, il avait suivi une formation militaire.

Christian Malanga n’était pas un inconnu

L’homme apparaît dans plusieurs vidéos où il disait préparer le renversement des institutions politiques en RDC. Dans cette vidéo par exemple, les propos de Christian Malanga prouvent qu’il avait des contacts subversifs de très haut niveau en Occident, notamment en Grande Bretagne, en Suisse, et même au Vatican. Malgré tout, il a réussi à pénétrer dans la capitale congolaise. Était-ce réellement à l’insu des autorités et des services de sécurité ?

Il avait également des contacts avec des personnalités congolaises à différents niveaux en RDC (politiciens, prêtres catholiques…). Preuve que le coup d’État était préparé de l’intérieur et de l’extérieur. Certaines de ces personnalités reconnaissent avoir rencontré Christian Malanga, mais affirment ne pas avoir été de mèche avec lui. Seulement voilà, lorsque des hommes politiques et des prélats catholiques posent en photo ou dans des vidéos avec un individu qui clame haut et fort son intention de prendre le pouvoir par les armes, cela ne peut que renforcer les soupçons de complicité.

De sérieux soupçons sur l’Eglise catholique

Le contenu de cette autre vidéo en lingala postée sur X est beaucoup plus explicite et ne fait aucun mystère sur l’implication de l’Eglise catholique dans le projet de Christian Malanga. L’évêque congolais qui parle dans la vidéo s’appelle Monseigneur Akuma. On le présente comme un exorciste pour l’ancien pape Jean-Paul II au Vatican. Il déclare ceci dans la vidéo :

« Nous avons organisé une messe pour unir l’Etat de Saint Pierre et Paul ici au Vatican et notre pays nouveau Zaïre. La cérémonie avait pour but de prendre la bénédiction. Quand nous nous sommes réunis avec le président Malanga, nous avons trouvé que c’est lui qui convient pour devenir président de la République. Raison pour laquelle nous lui avons donné aujourd’hui tous les pouvoirs de l’Etat de Saint Pierre et Paul ici au Vatican. Pour nous il est déjà président. (….)

Je priais que Dieu nous envoie un homme qui a la capacité de diriger notre pays et qui a la force de se battre et de se consacrer pour le bien du pays. (….)

Je lui ai dit :viens ici (au Vatican) je vais te faire entrer par la puissance de l’Eglise ici où je suis, jusqu’à ce que je t’amènerai auprès de l’Eglise dans notre pays (la RDC) pour qu’ils t’écoutent et qu’ils acceptent le projet. Et nous sommes arrivés là-bas et tout se passe bien… »

Suivez la vidéo en lingala :

Il y a également certaines déclarations faites sur les médias allant dans le sens d’encourager des scénarios de coup de force. Une enquête des autorités est en cours pour faire la lumière sur les faits.

Une garde républicaine absente ?

L’attaque du palais présidentiel a eu lieu vers 4 heures du matin. Il est inimaginable que les assaillants lourdement armés fassent tout le trajet dans la commune de Gombe (commune la plus sécurisée de Kinshasa) jusqu’au Palais de la nation, siège de la présidence. Ils faisaient même voler leur drone ! Ni su ni vu par les renseignements militaires et les services de sécurité ? Plus grave, le meneur de la tentative du coup d’Etat arrive à prendre possession du Palais de la nation avec une facilité incroyable. Où était la garde républicaine ? Pourquoi n’a-t-elle pas opposé une résistance ?

Les assaillants sont restés au Palais de la nation en train de se filmer, de faire des déclarations et des live sur les réseaux sociaux. Ils arboraient fièrement l’ancien drapeau du pays, celui du Zaïre. Pendant ce temps, silence radio de différentes autorités ! Même le chef de l’UDPS (parti du président Tshisekedi) ne fait aucune déclaration.

Un concert au stade le jour de la tentative de coup d’État

Il est clair que dans ces conditions si Tshisekedi était trouvé au palais pendant l’attaque, il aurait été arrêté ou tué. La garde républicaine a trop tardé à jouer son rôle. Une autre preuve de failles sécuritaires, c’est le fait que pendant que la situation était encore floue, les autorités ont autorisé le même jour à Kinshasa la tenue d’un grand concert de musique chrétienne au stade des Martyrs ! Quelle irresponsabilité ! Le concert a réuni près de 100 000 personnes.

Que coûtait-il de reporter ce concert ? Qu’est-ce qui était urgent ? La sécurité des institutions ou la musique ? Sous d’autres cieux, une tentative de coup d’État déjoué aurait entraîné des mesures sécuritaires sévères, telles que : un couvre-feu général, une fermeture de frontières nationales et surtout des arrestations immédiates dans les rangs des autorités et des services qui ont failli à leur mission. Curieusement, rien de tout ça après l’attaque du palais présidentiel ! La vie a continué comme si de rien n’était. Pourtant, Tshisekedi a risqué sa vie le 19 mai 2024.

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