Le réseau Yali dénonce la montée des propos haineux sur les réseaux sociaux en RDC

« N na N » : entendez : « Haine sur haine !  » Cette expression, devenue virale sur les réseaux sociaux, a été utilisée pour la première fois par Boketshu, un Congolais parmi ceux que l’on appelle « combattants ». Ce sont des Congolais de Kinshasa vivant en Europe, mais qui usent des propos haineux contre d’autres Congolais dont ils ne partagent pas les opinions politiques, ou encore contre Joseph Kabila ou Félix Tshisekedi.

A l’occasion de la journée mondiale pour un Internet plus sûr, en partenariat avec l’Autorité congolaise de régulation des postes et télécommunications (ARPTC), Internet Society Community et l’ONG The Bythiah Project, le réseau Yali RDC a organisé une matinée d’échanges sur la haine en ligne dans le cyberespace congolais. Tour à tour, les intervenants et les participants ont échangé sur les différents épisodes de la montée de la xénophobie et du tribalisme en ligne. De l’opération Likofi qui a vu des atteintes aux droits de l’homme être encouragées et vulgarisées sur les réseaux sociaux, aux élections générales de 2018 et à la période qui s’en est suivie, les différents discours de haine ainsi que leurs conséquences ont été dénoncés.

Un danger pour l’avenir des jeunes

Les difficultés professionnelles pour ceux qui s’adonnent à la propagation de propos haineux ont été abordées à cette rencontre de Yali RDC. Beaucoup oublient que les réseaux sociaux constituent un moyen de vérification des antécédents, comportements et style de vie des candidats à l’embauche. De nombreux employeurs n’hésitent pas à rejeter les demandes d’emploi de ceux qui ont l’habitude d’exprimer leurs opinions de façon virulente en ligne. Comme l’explique Cynthia Samba, modératrice professionnelle et animatrice des communautés en ligne réagissant à une publication d’une personne n’ayant pas été recrutée après une visite de son potentiel employeur sur son profil.

Les jeunes ne devraient pas oublier que beaucoup de recruteurs passent aujourd’hui par les réseaux sociaux pour étudier le profil des candidats. Il y en a qui ont raté et perdront des opportunités à cause des partages, like et commentaires des contenus que le recruteur peut estimer hostiles ou contraires aux valeurs de l’entreprise. Quand on travaille sur Internet, il est très important de soigner sa réputation en ligne.

Avec la montée des extrémismes et des velléités sécessionnistes, il est à craindre une résurgence de ces discours en ligne et le risque que cela aboutisse à des actions négatives sur le terrain comme ce fut le cas lors des affrontements entre les partisans du PPRD et de l’UDPS en 2019, faisant suite à un déferlement de messages de haine tribale sur les plateformes sociales.

Le rapporteur spécial des Nations-Unies sur les questions relatives aux minorités, Fernand de Varennes a tiré la sonnette d’alarme sur l’augmentation des crimes de haine contre les minorités véhiculés par le biais des réseaux sociaux.

A l’heure actuelle, outre quelques cas emblématiques, la RDC ne documente pas suffisamment l’ampleur de ce phénomène, encore moins l’impact de sa banalisation dans le débat public. L’Autorité de régulation est appelée à prendre la mesure du problème pour éviter que le phénomène ne prenne une ampleur difficile à maîtriser.

Cédric Le Sage

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