Sommet UE-UA : la présence du Polisario irrite le Maroc
Très attendu, le sixième sommet Union européenne-Union africaine qui se tient les 17 et 18 février à Bruxelles veut jeter les jalons d’un nouveau partenariat entre les deux continents. Hormis le Mali, le Burkina Faso, la Guinée-Conakry et le Soudan, qui sont suspendus des instances de l’UA, pour cause de coup d’etat tous les pays membres de l’UA y sont invités. Y compris la République arabe sahraouie démocratique (RASD), qui n’est reconnue par aucun pays européen.
Une présence qui agace le royaume, comme l’ont exprimé les députés marocains de la Commission parlementaire mixe Maroc-UE dans une lettre datée du 14 février. « Le Maroc et l’UE ont un capital inestimable qui pourrait transformer toute la région en une zone de prospérité et de paix. Néanmoins, il est de notre devoir en tant que nations responsables d’éviter les malentendus qui pourraient entacher ce changement collectif positif potentiel », déplorent-ils.
En conflit avec le Maroc depuis 1975 autour du Sahara occidental, le Polisario, bras armé de la RASD, a décrété en novembre 2020 la rupture du cessez-le-feu signé avec le royaume en 1991.
“Ce n’est pas l’UE qui choisit les pays africains invités”
Seulement, ce n’est pas l’Union européenne qui est à l’origine de la présence de Brahim Ghali, chef de la RASD, au sommet. « Ce n’est pas l’Union européenne qui a choisi les pays africains invités à participer au sommet mais l’Union africaine », nous a déclaré une source en charge de l’organisation du sommet bruxellois.
Interrogé le 16 février, le porte-parole de la Commission européenne pour les Affaires étrangère, Peter Stano, ne dit pas autre chose : « C’est l’Union africaine qui est chargée de l’invitation de ses membres. L’Union européenne ne pourrait pas interférer dans cette sélection. Il est utile aussi de préciser que cette invitation par l’union africaine ne change rien dans notre position sur le Sahara occidental. La position de L’UE est très claire et n’a pas changé : aucun de ses membres n’a reconnu cette république », a-t-il insisté.
Ce n’est pas la première fois que la participation du Polisario à un tel sommet suscite l’indignation du Maroc, représenté dans ce sommet par son ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita. En 2010, le Polisario avait participé, à Bruxelles, à une réunion des ministres des Affaires de l’UE et de l’UA malgré les protestations du royaume. Lors du dernier sommet UE-UA tenu à Abidjan en 2017, la participation de l’ennemi juré du Maroc avait encore fait couler beaucoup d’encre, ce qui n’avait pas empêché Mohammed VI d’y assister.
Premier partenaire économique du Maroc, l’Union européenne est souvent le théâtre de batailles diplomatiques entre le royaume et le Polisario. La dernière en date remonte à moins de six mois. Plus précisément à fin septembre lorsque la Cour de justice de l’Union européenne a annulé deux accords commerciaux portant sur la pêche et les produits agricoles entre les Vingt-sept et le Maroc.
Les deux partenaires ont réagi le même jour à la décision en annonçant dans un communiqué commun « prendre les mesures nécessaires afin d’assurer le cadre juridique qui garantit la poursuite et la stabilité des relations commerciales entre l’Union européenne et le royaume du Maroc. » Parmi ces mesures : suspendre l’exécution de l’arrêt en faisant appel de l’annulation. Ce que l’UE a fait moins de deux mois plus tard.
par Bila Mousjid à Bruxelles
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