RDC-Zambie : la réconciliation vaut mieux que la guerre des frontières
C’est une bonne chose lorsque deux Etats voisins, de plus membres de la SADC et de l’Union africaine, travaillent à des projets communs et non à se faire la guerre. Le 17 février 2021 s’est tenue une bipartite RDC-Zambie à Lusaka. Au menu, trouver les voies et moyens de concrétiser un projet d’intérêt économique capital pour les deux pays, notamment : la construction de la route Kasomeno-Mwenda devant relier la province du Haut-Katanga en RDC à celle de Luapula en Zambie. Voilà des projets dont les pays de la SADC ont besoin.
Cette rencontre du 17 février à Lusaka scelle la réconciliation entre la RDC et la Zambie après un conflit frontalier qui a failli conduire les deux pays à la guerre en 2020. En effet, Lusaka avait positionné ses troupes sur des territoires supposés appartenir à la République démocratique du Congo, notamment à Kalubamba et Kibanga. Kinshasa accusait son voisin de violation de sa frontière et de tentative d’annexion d’une partie de la RDC, tandis que la Zambie revendiquait sa souveraineté sur la partie frontalière occupée par ses troupes.
N’eût été l’intervention des experts de la SADC qui, après enquête et analyse du dossier, ont tranché en faveur de la RDC, les deux voisins seraient peut-être en guerre aujourd’hui. Quand on sait qu’une guerre des frontières ne se termine presque jamais, on peut imaginer combien de vies humaines allaient être fauchées ! L’Afrique a besoin du développement économique et de cohabitation pacifique ; la SADC a besoin de l’intégration régionale et non de la division de ses membres.
Créer des solutions régionales et non des problèmes !
Il devrait être révolu le temps où les nouvelles qui viennent de l’Afrique ne parlent que de guerre, famine, Ebola, coups d’Etats, groupes armés, terrorisme, massacres… Il est temps que le continent renvoie au monde un autre son de cloche. Et c’est de la responsabilité de nos dirigeants de changer la situation. Dans la Communauté de développement d’Afrique australe, un pays devrait avoir honte de créer des problèmes en lieu et places des solutions.
La RDC et la Zambie entretiennent de très bonnes relations fraternelles depuis de nombreuses décennies. C’était surprenant de les voir se disputer des frontières et préparer leurs forces armées pour la guerre. A quoi leur serviraient des revendications territoriales qui tuent le développement et l’intégration économique ? Leurs populations respectives mangent-elles les frontières ? Si nos dirigeants étaient réellement panafricanistes, les questions de frontières seraient tout simplement secondaires.
Nous voulons une Afrique qui se réconcilie avec elle-même. Et la démarche commune entre la Zambie et la République démocratique du Congo le 17 février est à encourager. La construction de la route Kasomena-Mwenda, longue de 270 km, va certainement désenclaver les populations et faciliter les échanges économiques entre les deux pays. Ce sont des solutions régionales comme ça qu’il faut privilégier. Nous souhaitons que de telles initiatives, minimes soient-elles, se reproduisent régulièrement dans les pays de la SADC et dans toutes les autres régions d’Afrique. Voir des dirigeants se réunir pour parler de la coopération régionale, des routes, du commerce transfrontalier, de la suppression des droits de douanne…. Plutôt que de se disputer des territoires où les populations n’ont ni eau potable ni électricité.
Le fait marquant dans cette rencontre congolo-zambienne du 17 février c’est le fait que le gouverneur Jacques Kyabula de la province congolaise du Haut-Katanga et le vice-ministre congolais des Infrastructures Willy Ngopos ont fait eux-mêmes le déplacement de Lusaka. Pourtant, le conflit frontalier de 2020 avait tellement refroidi les relations entre les deux pays que personne ne pouvait imaginer leurs dirigeants se rendre viste de si tôt.
Ce dont les populations africaines ont besoin
Chaque pays dans le monde a déjà connu au moins une guerre quelconque. Aujourd’hui, personne n’a besoin de guerre. Vous voulez vous battre ? Battez-vous plutôt contre la pauvreté, la xénophobie, le racisme, le Covid-19… Nos populations ont plutôt besoin d’une ligne de métro partant de Kinshasa, passant par Lusaka, Loanda jusqu’au Cap en Afrique du Sud. Elles ont besoin de promouvoir les produits africains, l’agriculture africaine, les talents africains. Elles ont besoin que les jeunes aient des emplois et des débouchés, et que chaque village ait l’eau et l’électricité en permanence…
Ce dont personne n’aura jamais besoin c’est du terrorisme au Mozambique, de la xénophobie en Afrique du Sud, de l’insécurité, des disputes frontalières entre la Zambie et la République démocratique du Congo. D’ailleurs, on devrait plutôt s’acheminer vers une Afrique débarrassée de frontières internes. Bref, il est plus que temps en Afrique d’enterrer les conflits et de faire germer les solutions, la réconcialiation, l’intégration, le développement.