Que faire pour réconcilier le Rwanda et la RDC ?

L’inimitié entre la RDC et le Rwanda s’est soldée par la rupture des relations diplomatiques. L’ambassadeur rwandais en poste à Kinshasa a été expulsé. Malgré tout, il est possible de réconcilier les deux voisins.

Ce qui est vrai est que depuis le génocide rwandais de 1994, le Rwanda et la RDC vivent comme des ennemis intimes. Leurs relations sont souvent tumultueuses. Mais c’est la RDC qui paie le lourd tribut en raison des incursions répétées des troupes rwandaises sur le sol congolais. Ces incursions sont documentées dans différents rapports d’ONG et d’experts dont ceux de l’ONU.

Alors que les populations rwandaises vivent en paix, celles du Congo sont malheureusement contraintes de fuir leurs localités en raison de la guerre. Rien que ces derniers jours, le pays compte pas moins de 200 000 déplacés vivant dans des camps ou des familles d’accueil dans des conditions inhumaines.

Ce qui divise

La pomme de discorde entre les deux voisins ce sont d’une part leurs rébellions respectives, d’autre part la question de la minorité tutsie rwandophone en RDC. En effet, les deux pays s’accusent mutuellement de soutenir et d’armer la rébellions du voisin. Kigali accuse le gouvernement congolais de soutenir les rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), en retour, la RDC accuse Kigali de soutenir la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) qui occupe plusieurs localités congolaises, dont Bunagana depuis plusieurs mois.

L’autre sujet de discorde ce sont les discours de haine contre les Tutsis Banyamulenge rwandophones en RDC. Discours que Kigali ne supporte pas. Et c’est curieux, car les Banyamulenge sont des Congolais et disent qu’ils sont Congolais. On peut alors se demander de quel droit Kigali en fait son affaire alors qu’ils ne sont pas des citoyens rwandais. Si c’est par simple humanité, c’est une bonne chose. Mais alors pourquoi le Rwanda ne manifeste pas la même sympathie lorsqu’il s’agit d’autres ethnies victimes de discours de haine ?

À ce sujet, nous n’avons cessé d’exhorter les Congolais à respecter la minorité ethnique Banyamulenge et les Rwandais à respecter l’intangibilité des frontières et la souveraineté du Congo. On ne construit pas son bonheur en faisant du mal aux autres.

La réconciliation n’est pas impossible

Pour réconcilier les deux voisins, il faut :

  1. Remettre leurs deux présidents à la table de négociations. Rien ne vaut le dialogue, et surtout un dialogue sincère ;
  2. Cesser d’armer et de soutenir la rébellion du voisin ;
  3. Chacun des deux présidents doit ouvrir des discussions avec la rébellion de son pays. Concrètement, Kinshasa doit parler au M23 et Kigali aux FDLR ;
  4. Respecter l’intangibilité des frontières du voisin ;
  5. Laisser chacun des deux voisins gérer ses probèmes ethniques internes ;
  6. La Communauté internationale doit cesser d’user de parti pris vis-à-vis de tel ou tel de deux voisins. Elle doit plutôt s’impliquer pour que ce conflit rwando-congolais qui n’a que trop duré trouve un terme une fois pour toutes.

En fait, les deux pays ont plus à gagner dans le respect mutuel qu’en se faisant la guerre. Ils ne doivent surtout pas oublier que la géographie les a condamnés à vivre ensemble pour toujours. Même s’ils ne s’aiment pas, ils resteront toujours des voisins. Et il faut être un bon voisin.

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