RDC : réseaux sociaux ou instruments de haine tribale ?
Africa sans haine vous livre son rapport de mars sur les discours de haine en ligne en RDC. Du 01 au 24 mars 2021, notre équipe a observé les discours haineux et dangereux diffusés sur des profils, groupes et pages Facebook proches des principaux leaders politiques congolais. Comme en janvier et février derniers, le triste constat est le même : la haine en ligne ne faiblit pas en RDC.
En effet, sans crainte d’être contredit, le discours de haine fait partie de la culture des internautes congolais. Il s’installe durablement en raison de l’impunité dont jouissent ses auteurs sur les réseaux sociaux.
Les discours de haine se banalisent
Au total, 524 discours haineux et 920 commentaires du même type ont été enregistrés sur 3 profils, 7 groupes et pages Facebook. 73 % de ces discours sont à caractère tribal essentiellement dirigés contre des ethnies et des leaders politiques. On a noté la banalisation des insultes et stigmatisations tribales, menaces de mort, animalisations, appels aux massacres ou à la violence, discours xénophobes, attaques contre les êvèques catholiques, montée en puissance de la mise en doute de la « congolité » de tel ou tel leader politique ou communauté ethnique…
Sur les sept profils, pages et groupes Facebook que nous avons observés, il est rare de trouver des posts d’informations utiles, positives et constructives pour le pays. L’internaute congolais y va plutôt pour insulter, répandre des fake news, se moquer de l’adversaire politique, se réjouir de la mort d’un compatriote qui ne partage pas son opinion, dénigrer la tribu de l’autre… C’est devenu un plaisir pour lui et il insulte en rigolant par des emojis.
Les groupes et pages Facebook Facebook des Katangais sont les plus prolifiques en messages de haine tribale et de xénophobie.
Nombre de cas de discours de haine enregistrés : 524. Ils se répartissent comme suit :
- Haine tribale : 387 cas, soit 73.8%
- Haine contre les leaders politiques, religieux ou d’opinion : 80 cas, soit 15.2%
- Appel au meurtre : 24 cas, soit 4.5%
- Discours sexiste : 2 cas, soit 0.3%
- Discours xénophobes : 31 cas, soit 5.9%
Les sujets clivants actuellement en RDC
Les principaux sujets ayant suscité le plus de discours de haine sont :
- La question du recensement de la population comme préalable à la présidentielle de 2023 ;
- L’attente de la formation du gouvernement par le nouveau Premier ministre ;
- L’anniversaire de la première dame de RDC, Denise Nyakeru Tshisekedi ;
- Les revendications sécessionnistes katangaises ;
- Les trois jours de deuil national décrété par le président Tshisekedi en mémoire de feu le président tanzanien John Magufuli.
A noter un fait positif du côté de la justice congolaise le mois dernier : un député provincial a été condamné à un an de prison et à une amende de 2000 francs congoalais pour incitation à la haine tribale Kolwezi dans la province du Lualaba au sud du pays. C’est une avancée majeure.
Vous voulez consulter toutes les données de ce rapport ? Envoyez un mail à info@africasanshaine.org