Elections locales sans Gbagbo, la Côte d’Ivoire a-t-elle mal à la réconciliation ?
L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo ne figure pas sur la liste électorale pour les locales prévues le 02 septembre 2023. Son recours a été rejeté et il n’en a pas introduit un deuxième. Conséquence : il ne pourra pas participer au vote. Au vu de son poids politique, d’aucuns craignent que son exclusion n’entrave le processus de réconciliation engagé dans le pays.
Qu’on le veuille ou non, l’exclusion de Laurent Gbagbo n’est certainement pas pour servir la cause de la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire. Il est incompréhensible que son nom soit radié de la liste électorale, alors que l’ancien président a été non seulement acquitté par la Cour pénale internationale, mais aussi gracié par le président Ouattara dans l’affaire du braquage de la BCEAO. Son parti dénonce un « processus électoral qui a perdu de sa crédibilité ».
Attention à réveiller les vieux démons !
Avec la guerre et les atrocités que la Côte d’Ivoire a vécues en 2010, il n’est absolument dans l’intérêt de personne de poser des actes susceptibles de mettre en péril la réconciliation qui semblait se mettre en marche dans le pays. Nul n’ignore que Laurent Gbagbo reste un des poids lourds de la classe politique ivoirienne. Malgré son passage en prison, des millions d’ivoiriens croient encore en lui. L’exclure des élections peut être vécu par ses partisans comme une injustice d’État, un acharnement et un refus d’aller vers la vraie réconciliation.
Ce serait encore plus grave s’il arrivait à être écarté de l’élection présidentielle de 2025. Attention à faire revenir le pays en arrière ! Attention à réveiller les vieux démons ! On ne devrait pas laisser les rivalités et les coups bas politiques mettre en danger la paix chèrement acquise. Le président Alassane Ouattara, qui a toujours prôné la réconciliation, ferait mieux de jouer la carte de l’inclusivité à toutes les élections en Côte d’Ivoire.