Faut-il oui ou non rapatrier la dépouille d’Hissen Habré ?
Ce sujet alimente toujours les conversations au Tchad. Les uns souhaitent que le corps de l’ancien président revienne au pays de ses ancêtres. D’autres y sont farouchement opposés en raison des crimes que Habré avait commis durant ses huit ans au pouvoir.
Hissen Habré a dirigé le Tchad de 1982 à 1990. Son régime a été marqué par le règne de la terreur. On lui attribue la mort de plus de 40 000 Tchadiens. Ses opposants ont été systématiquement persécutés, massacrés, d’autres sont morts en détention. Jusqu’à ce qu’il fut chassé du pouvoir par Idriss Déby Itno. Habré a été enterré le 26 août au cimetière musulman de Yoff au Sénégal sans que le gouvernement tchadien n’y envoie même une délégation.
Aujourd’hui, les Tchadiens sont partagés entre l’idée d’honorer sa mémoire en le rapatriant pour organiser pour lui des obsèques dignes d’un ancien président, tandis que d’autres (surtout ses victimes et leurs familles) préfèrent que sa dépouille reste à l’étranger. Voilà pourquoi vous chefs d’États, vous devez diriger de telle sorte que même votre dépouille mortelle se fasse désirer par tous dans votre pays.
Il est Tchadien, il a le droit de retourner dans son pays
Il est vrai que Hissen Habré a commis des crimes inacceptables. Ses victimes se comptent par milliers. Mais qu’on le veuille ou pas, il reste Tchadien. Il a une famille et une ethnie au Tchad. Accusé de crimes contre l’humanité dans son pays, Hissen Habré a déjà été jugé et condamné. Et il était en train de purger sa peine à Dakar avant que le Covid-19 l’emporte. On est Africain. En tout cas, il n’y a aucun péché à ce que sa dépouille soit ramenée à Ndjamena pour y être inhumée. C’est important pour la cohésion nationale.
Mobutu est mort au Maroc après avoir commis des crimes au Zaïre, aujourd’hui RDC. Sa dépouille est restée à Rabat depuis 1997. Pourtant, son ethnie et sa province natale ne cessent de réclamer son rapatriement pour faire le deuil, mais jusque-là les autorités font la sourde oreille. Et l’unité nationale en souffre. Le Tchad ne devrait pas commettre la même erreur. On ne peut pas haïr même une dépouille mortelle.