Sommet des Brics en Afrique du Sud : démocratie et droits de l’homme absents des débats

Le 15e sommet des Brics s’est tenu du 22 au 24 août 2023 à Johannesburg en Afrique du Sud, dans un contexte de guerre en Ukraine et de tensions entre la Russie, la Chine et les États-Unis. En dehors de l’objectif de former un bloc économique et géopolitique anti-occidental plus fort, les pays des Brics ont soigneusement évité des questions qui fâchent, à savoir : la démocratie et le respect des droits de l’homme. Des valeurs qui font cruellement défaut dans leur espace.

A Johannesburg, les États membres des Brics, notamment le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, ont manifesté une forte volonté de créer ce qu’ils ont appelé un « monde multipolaire ». Pour cela, ils ont décidé d’élargir les Brics à encore plus de pays pour contrer l’influence occidentale.  Dès janvier 2024, six pays vont rejoindre le bloc. Il s’agit de : l’Arabie saoudite, l’Ethiopie, l’Argentine, les Émirats arabes unis, l’Égypte et l’Iran.

Venez entrer tel que vous êtes !

Ce qui étonne c’est que les pays fondateurs des Brics sont prêts à accueillir même des États qui ne répondent pas aux normes, pourvu que de tels États se détachent de l’influence occidentale. Du coup, il y a lieu d’interroger les valeurs des pays des Brics. Force est de constater qu’il s’agit pour la plupart des régimes totalitaires où la démocratie, la liberté de la presse et les droits de l’homme n’ont aucune importance.

Regardez le Kremlin face à ses opposants ! Que dire du traitement réservé aux Ouïghours par la Chine au Xinjiang ? Et l’Arabie Saoudite qui va rejoindre le groupe en janvier, est un pays où le journaliste Jamal Khashoggi a été tué de la manière la plus cruelle dans le consulat saoudien d’Istanbul, son corps démembré et dissout dans de l’acide. L’Iran est aussi autorisé à y entrer, malgré la brutalité avec laquelle Téhéran traite les femmes iraniennes et les opposants… Bref, le groupe des Brics ressemble à un panier de crabes. Bien sûr que le potentiel économique est là, mais il est terni par le manque d’État de droit, les crimes d’État et autres dans la majorité des pays membres.

Beaucoup de pays en mal de démocratie se sentiront certainement à l’aise dans un bloc comme les Brics. Là où personne ne leur demande des comptes sur la liberté d’expression, les droits de l’homme, la justice, etc. Si l’unique condition à remplir est de haïr l’Occident, tous les États voyous intégreront le groupe des Brics.

Une fois à bord, c’est la Russie et la Chine qui font la loi

Ce qu’on ne dit pas ouvertement aux États qu’on recrute est que dans ce groupe des Brics, ils seront là pour servir d’une manière ou d’une autre les intérêts hégémonistes de la Russie et de la Chine. Moscou et Pékin cherchent un carré du monde où exercer leur influence mise à mal par l’Occident. Mais entre eux-mêmes, ils ont de profondes divergences : la Chine ne laissera pas la Russie lui marcher dessus, ni l’Inde non plus, et vice-versa.

Pour nous Africains, de même que nous condamnons énergiquement le bloc occidental pour son impérialisme, nous devons aussi condamner la montée de l’impérialisme russe ou chinois sur le continent. L’Afrique devrait former son propre bloc et non être le marchepied éternel des grandes puissances grandes.

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