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Rapport annuel 2022 sur les discours de haine en RDC

La République démocratique du Congo n’a pas été épargnée par les discours de haine en 2022. Le fléau semble déjà ancré dans les mœurs de la société, des ethnies et de la classe politique. Voici le rapport annuel sur les discours de haine au cours de l’année 2022 en République démocratique du Congo.

I. Introduction

L’année 2022 a été marquée par plusieurs facteurs et événements ayant favorisé les discours de haine en RDC. Ces facteurs sont entre autres :

  • Les enjeux politiques ;
  • Le processus électoral ;
  • La guerre du M23 ;
  • Les conséquences de la guerre en Ukraine ;
  • Le conflit Teke-Yaka ;
  • Le conflit de Katanda au Kasaï-Oriental ;
  • Etc.

N.B : Africa Sans Haine n’a pas la prétention d’avoir documenté chaque cas de discours de haine en RDC en 2022. Le pays étant très vaste, les cas que nous avons documentés sont ceux que nos équipes ont pu enregistrer en ligne et hors ligne dans la mesure de nos moyens.

Selon nos statistiques, les six principales causes de discours de haine en 2022 en RDC sont :

  • Les divergences politiques ;
  • Les élections ;
  • Les origines ethniques ;
  • Les origines étrangères de certains acteurs ;
  • Les conflits inter ethniques ;
  • Les conflits fonciers.

II. Types de discours haineux et dangereux

Africa Sans Haine considère comme discours haineux ou dangereux :

  • Les appels aux meurtres ;
  • Les appels à la violence ;
  • Les injures ;
  • La diffamation ;
  • La xénophobie ;
  • L’animalisation ;
  • Les propos sexistes ;
  • Etc.

De tels discours sont considérés comme plus graves lorsqu’ils visent un groupe, une communauté ou une ethnie.

III. La haine congolaise en chiffres

En 2022, Africa Sans Haine a consulté 189 profils, groupes, pages et comptes Facebook, Twitter, Tiktok, sites web et chaines YouTube. Nous avons ciblé des comptes à forte audience et à caractère politique ou ethnique et dont les publications génèrent plusieurs vues et commentaires. Au final, nous avons dénombré 31400 discours de haine sur Internet et sur les réseaux sociaux en République démocratique du Congo.  A raison de :

  • 12037 sur Facebook ;
  • 11400 sur Twitter ;
  • 1951 sur YouTube ;
  • 1400 sur Tiktok ;
  • 4612 dans les commentaires sur les articles de certains sites Internet.

Plus concrètement, Africa Sans Haine a documenté en 2022 :

  • 227 appels au meurtre ;
  • 20462 injures diverses ;
  • 1403 appels à la violence ;
  • 8201 propos xénophobes ;
  • 304 animalisations ;
  • 600 propos sexistes ;
  • 203 discours dangereux.

La tranche d’âge qui partage le plus de discours de haine est comprise entre 18 et 40 ans. Les jeunes sont impliqués dans 90 % de discours haineux que nous avons documentés sur les réseaux sociaux congolais.

Ces discours de haine sont apparus sur des publications (articles, posts, commentaires, emojis, photos ou vidéos). En vue de détenir les preuves des discours de haine en ligne, nous avons enregistré les liens de leurs publications, mais aussi fait des captures d’écran que nous conservons dans notre banque de données.

IV. Les provinces les plus touchées par les discours de haine ethnique en 2022

Chaque année, nous relevons les espaces géographiques où les discours de haine sont les plus intenses. En 2022, nos statistiques pointent :

  • Le Katanga
  • Le Kasaï
  • Le Kivu
  • Kinshasa

Les Tutsis congolais et les Baluba du Kasaï sont les ethnies qui ont été le plus victimes de discours de haine, particulièrement sur les réseaux sociaux, en 2022.

Africa Sans Haine a également documenté 427 faux comptes de réseaux sociaux dont ceratins diffusent systématiquement Fakenews, désinformations, manipulation de l’opinion et tentatives d’arnaque. Certains de ces faux comptes utilisent de faux noms propres usurpés pour tromper l’opinion sur les origines ethniques des auteurs des contenus qu’ils partagent.

Les personnalités dont les noms ont fait l’objet de faux comptes sont entre autres Félix Tshisekedi, Olive Lembe, Denise Nyakeru, Samuel Eto’o, etc. Certains de ces faux comptes ont été suspendus ou supprimés ; d’autres continuent de fonctionner.

A titre d’exemples, nous avons documenté :

  • 47 faux comptes portant le nom et la photo du président Félix Tshisekedi, à raison de 35 sur Facebook et 12 sur Twitter ;
  • 25 faux comptes avec le nom et la photo de Denis Kadima, président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) à raison de 22 sur Facebook et 3 sur Twitter.;
  • 37 faux comptes portant le nom et la photo de la première dame Denise Nyakeru Tshisekedi, à raison de 30 sur Facebook et 7 sur Twitter ;
  • 3 faux comptes portant le nom de Ceni RDC, à raison de 2 sur Twitter et un sur Facebook ;
  • 34 faux comptes portant le nom et la photo de Sama Lukonde, Premier ministre de RDC, à raison de 29 sur Facebook et 5 sur Twitter ;
  • 13 faux comptes avec le nom et la photo de Olive Lembe Kabila, l’ancienne première dame de RDC, à raison de 6 sur Facebook et 7 sur Twitter ;

La liste de faux comptes n’est pas exhaustive.

V. Les comptes dangereux sur les réseaux sociaux

Africa Sans Haine considère comme dangereux sur les réseaux sociaux les profils, pages, groupes ou comptes qui font l’apologie des crimes, diffusent des messages de haine ethnique, la désinformation sur la sécurité du pays, les appels à la violence et aux meurtres. A ce sujet, nous avons documenté quelques comptes dangereux que nous ne pouvons pas divulguer ici.

VI. Discours de haine basés sur les leaders politiques

En politique congolaise, la plupart des discours de haine que nous avons documentés en 2022 sont dus essentiellement aux divergences politiques, selon que l’on est pro ou anti-Tshisekedi. On a souvent assisté à un jeu de ping-pong entre les deux camps. Des termes comme « incompétent », « Kasaï », « jouisseur en chef »… ont beaucoup circulé sur les réseaux sociaux pour qualifier le président Tshisekedi, ses partisans ou son gouvernement. En revanche, du côté des pro-Tshisekedi, les termes tels que « de père et de mère », « jaloux », « aigris »… étaient parmi les plus utilisés.

Sur les réseaux sociaux, certains pouvaient passer des semaines, voire des mois à s’insulter, se dénigrer, s’animaliser… juste pour faire valoir leur soutien à tel ou tel leader politique. Le constat est tel que rares sont ceux qui qui savent exprimer leurs opinions politiques sans insulter.

La haine politique congolaise peut se résumer en ces termes : « Que tu aies raison ou non, tant que tu n’es pas le leader politique de mon parti ou de mon ethnie, tu as tort pour commencer ! » Conséquence : la politique basée sur des leaders et non sur des valeurs, est devenue un plus grand commun diviseur qui met à mal la cohésion sociale et l’unité nationale en République démocratique du Congo.

VII. Haine liée aux élections

D’habitude, le processus électoral génère beaucoup de discours de haine en RDC. Ces discours portent tant sur la crédibilité du processus et de ses animateurs que sur les candidats, leurs origines ethniques, etc.

L’un des évènements ayant donné lieu à des discours de haine en 2022 c’était l’annonce de la candidature de Moïse Katumbi à l’élection présidentielle. Il a fait cette annonce après la publication du calendrier électoral par la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Nous avons documenté 617 messages de haine et de xénophobie au cours du seul mois de décembre 2022 contre l’ancien gouverneur du Katanga, messages relatifs à l’annonce de sa candidature.

Certains parmi les Congolais dénient à Moïse Katumbi le droit de postuler au scrutin présidentiel en RDC en raison de ses origines étrangères. Les allégations contenues dans le projet de loi Tshiani, dit « de père et de mère », sont revenues en force sur le devant de la scène politique.

En effet, pour ceux qui soutiennent ce projet de loi controversé, seuls les Congolais ayant les deux parents biologiques congolais, peuvent occuper les fonctions dites « de souveraineté » en RDC et présenter leurs candidatures à l’élection présidentielle.

D’autre part, toujours en décembre 2022, en rapport avec l’annonce de la candidature de Katumbi, nous avons également documenté 463 messages de haine de la part de ses partisans, messages visant les Kasaïens et le président Félix Tshisekedi qu’ils accusent d’être celui qui tire les ficelles derrière la loi Tshiani.

Beaucoup de ces messages de haine sont passés sur des profils, groupes, comptes et pages des réseaux sociaux (katangais, kasaïens, kinois, etc.).

Matata Ponyo a lui aussi fait l’objet de messages de haine pour sa candidature à l’élection présidentielle. Beaucoup ne digèrent toujours pas sa gestion du projet Bukanga Lonzo.

L’autre sujet ayant généré des discours de haine sur les élections c’est le nom du président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Les accusations sur son éventuelle proximité avec le président Félix Tshisekedi ont refait surface fin 2022. Nous avons documenté 87 discours de haine contre Denis Kadima pour son appartenance à la même tribu que le président Tshisekedi. Ses détracteurs estimant qu’avec Denis Kadima, les résultats des élections de décembre 2023 sont joués d’avance en faveur de Félix Tshisekedi.

VIII. L’injure facile

Elles sont les plus nombreuses dans nos statistiques. L’internaute congolais a l’injure facile. Sur les réseaux sociaux : s’il n’est pas d’accord avec votre publication, quel que soit le sujet, il vous insulte en commentaires, allant jusqu’à vous rappeler les défauts de votre tribu ou l’insuffisance de votre niveau scolaire ou universitaire. C’est ainsi qu’ils s’insultent et se ridiculisent pour une omission, un lapsus, une faute de français, etc.

L’un des exemples de ce genre de discours de haine en 2022 c’est lorsque Moïse Katumbi a parlé de « bureau climatique » alors qu’il voulait dire « bureau climatisé ». Cette erreur involontaire a fait le tour du monde pour rien. L’ancien gouverneur du Katanga a ainsi été insulté et tourné en dérision.

Il y a aussi l’expression « mashi a mu menu«  utilisée par Félix Tshisekedi lors de sa première visite en tant que chef de l’Etat à Mbujimayi. Qu’elle ait été sortie de son contexte ou pas, cette expression qui signifie « frère ou soeur du même sang que moi », était inappropriée et a généré pas mal d’injures et de messages de haine.

Parmi les injures, nous avons noté entre autres les suivantes : « Nyama », « ndoki », « Rwandais », « bololé », « Muluba », « illettré », « libolo ya maman nayo »… Toutes ces injures ont leur déclinaison dans chacune des quatre langues nationales.

IX. La rwandophobie

Depuis la prise de la cité de Bunagana et d’autres localités du Nord-Kivu par le M23, les discours anti-Rwanda (accusé de soutenir le M23) se sont multipliés sur les réseaux sociaux congolais. Problème : les Tutsis congolais étaient aussi visés en 2022.

Le hashtag #RwandaIsKilling destiné à dénoncer les atrocités commises par le Rwanda à travers le M23 sur le sol congolais, a généré de nombreux discours de haine contre la communauté tutsie rwandophone du Congo. Le M23 lui-même étant constitué essentiellement de Tutsis rwandophones, les Tutsis congolais ont été souvent à tort perçus comme des soutiens naturels de cette rébellion et de l’armée rwandaise.

En revanche, certains Congolais se réclamant de la communauté tutsie tweetaient des messages de soutien aux leaders du M23 alors que la rébellion avançait en conquérant plusieurs localités au Nord-Kivu. Ce qui, dans l’opinion publique, risquait de faire croire que l’ensemble de l’ethnie tutsie congolaise était derrière le M23 alors que ce n’est pas vrai.

Le fait que la communauté tutsie congolaise ne condamnait pas ouvertement les attaques du M23 et les incursions rwandaises sur le sol congolais était l’une des raisons qui ont contribué à la montée de discours de haine contre les Tutsis congolais. Cependant, on ne peut dire que leur silence signifie forcément qu’ils soutiennent le Rwanda et le M23.

A ce sujet, pour éviter qu’on ne fasse des amalgames, le ministre congolais de la Communication, Patrick Muyaya, a souvent rappelé au cours de ses briefings avec la presse que des Tutsis congolais ne devraient pas être pris à partie, car ils sont aussi victimes de la guerre du M23 au même titre que les autres Congolais.

Malheureusement, sur les réseaux sociaux, plusieurs publications et commentaires appelaient à chasser les Tutsis et à les faire retourner au Rwanda. D’autre part, des messages de haine ont également été distillés en représailles contre les Congolais et la RDC par des Rwandais ou des gens pro-Rwandais. Nous avons pu documenter 1207 messages de ce type (posts, commentaires…).

Il faut cependant noter que les discours de haine contre les Tutsi étaient beaucoup plus dans l’opinion publique congolaise et non forcément l’œuvre du gouvernement congolais. On en veut pour preuve le fait que plusieurs fois en 2022, le président Félix Tshisekedi et son gouvernement ont appelé les Congolais à ne jamais s’en prendre aux Rwandais ou aux Rwandophones du Congo.

Par exemple, dans une vidéo, le président Tshisekedi a déclaré : « Les Rwandais ne sont pas nos ennemis, ce sont nos frères et sœurs. Notre ennemi c’est le président Kagame et son gouvernement… »

En plus, pour tenter de rassurer les communautés hutu et tutsies du Congo, le chef de l’Etat congolais, a reçu tour à tour en novembre 2022 les membres de ces deux communautés pour leur garantir la protection du gouvernement.

Les discours haineux contre les Tutsis ont aussi généré des cas de violences meurtrières contre des membres de cette communauté. Parmi ces cas, on a noté l’assassinat du jeune médecin Kimararungu Merci, mais aussi du major Kaminzobe, pour ne citer que ces deux exemples. Dans bien des cas selon les témoignages, les victimes étaient ciblées en raison de leurs faciès tutsis.

Les Maïmaï et les milices d’autodéfense Banyamulenge ont commis de nombreux actes de violences. En août 2022 par exemple, la société civile des Hauts plateaux de Milimba au Sud-Kivu, a rapporté que les milices banyamulenge Twirneho, Ngumino et Androïdes ont mené des attaques contre des civils qui ont fait environ 27 morts.

X. Les wewa

A Kinshasa, les wewa sont identifiés comme Kasaïens. Cependant parmi eux, tous ne sont pas Kasaïens. En raison de leurs actes de vandalisme et de leur incivisme à outrance, les conducteurs de motos-taxis ont en 2022 essuyé de nombreux messages de haine visant leur origine ethnique luba. Nous avons documenté 392 messages de ce type.

D’une manière générale, les wewa se comportent souvent en rebelles dans le transport en commun. Peu parmi eux respectent le code de la route. Ils sont à l’origine de nombreux cas d’accidents routiers. Il leur arrive de commettre des infractions soit pour venger l’un de leurs, allant jusqu’à brûler des voitures des particuliers, soit pour montrer qu’ils ont le soutien de certaines personnalités politiques. Ce comportement leur a valu de nombreux discours haineux et tribalistes.

XI. Quelques cas de discours de haine ayant fait débat en 2022 en RDC

Les exemples sont légion, mais nous relevons ces quelques cas  : 

  • Alors qu’il était encore vice-président de son pays le Kenya, William Ruto s’était moqué des Congolais en disant en substance : « Ils sont 90 millions d’habitants, mais n’ont pas de vaches pour produire leur propre lait. Ils aiment danser et s’habiller en mettant la ceinture au dessus du nombril. » Des propos qui avaient énervé plusieurs Congolais et donné lieu à beaucoup de messages de haine contre lui.

  • Jules Munyere, un militant de l’UDPS, a dans une vidéo, insulté le prix Nobel de la paix Denis Mukwege et les femmes qu’il répare. Motif : il n’appréciait pas le fait que les partisans de Denis Mukwege souhaitaient que ce dernier présente sa candidature à l’élection présidentielle de 2023. Toutefois, au vu de la réprobation générale que ses propos avaient suscitée, Jules Munyere est revenu sur ce qu’il avait dit et a demandé pardon.

  • La députée katangaise Dominique Munongo du parti Ensemble pour la République a fait parler d’elle en mal en 2022. En effet, dans une émission vidéo, elle a appelé les Kasaïens à quitter le Katanga, à rentrer chez eux et à cesser de manger la viande de chien au Katanga. Des propos qui ont envenimé les relations entre Katangais et Kasaïens. De nombreux messages de haine ont circulé entre les deux peuples. Si bien que le président Félix Tshisekedi a initié une table ronde sur la paix entre les provinces des espaces grand Katanga et grand Kasaï.

  • Dans la diaspora congolaise, le roi de la haine c’est Boketshu wa Yambo. Sa haine est telle qu’il s’est réjoui en 2022 de la mort de la chanteuse Tshiala Muana. Il a fait toute une vidéo sur cela, affirmant qu’il allait boire du champagne en signe de satisfation. Dans la vidéo, il disait souhaiter aussi la mort de Koffi Olomide, Joseph Kabila, Félix Tshisekedi, Werrason…

  • Connue sous le nom de maman Marie, une militante du parti Ecidé de l’opposant Martin Fayulu, apparaît dans quelques vidéos où elle insulte la première dame de la RDC. Ses vidéos, devenues virales, ont fait le tour du Congo et de la diaspora congolaise. On la voit insulter l’épouse de Félix Tshisekedi en la qualifiant de Rwandaise. Pour elle, Denise Nyakeru n’est pas Congolaise car au Congo, « il n’existe pas de nom propre commençant avec le préfixe  »Nya » ». Sur les réseaux sociaux, certains applaudissaient maman Marie en lui promettant une parcelle. D’autres la voyaient déjà future députée et présidente du bureau d’âge en remplacement de l’actuel président de l’Assemblée nationale, Mboso N’Kodia Pwanga. Maman Marie a demandé pardon à la première dame, mais ses partisans ont estimé qu’elle l’a fait sous contrainte.

XII. Des journalistes payés pour nuire

D’autres discours de haine proviennent des journalistes. Certains professionnels de médias passent outre la déontologie de leur profession et se lancent dans l’acharnement et les règlements des comptes. Ils confondent la haine avec la liberté d’expression. Il y en a qui ont investi Twitter et s’illustrent par la haine tribale et la désinformation.

D’autres sont connus pour leur appartenance à des partis politiques pour lesquels ils jouent le rôle d’agents de propagande. Ils utilisent les réseaux sociaux comme mégaphones.

En République démocratique du Congo, chaque leader politique important a son armée de journalistes. Il la paie, l’entretient pour qu’elle fasse sa publicité et soigne ainsi son image publique. Le mode opératoire est connu : le journaliste crache sur les réseaux sociaux de prétendues « vérités ou révélations accablantes » (souvent tordues et non vérifiées) contre des adversaires politiques ou des personnalités publiques. En retour, il reçoit un MPSA ou un virement bancaire pour le travail abattu.

XIII. Violences, massacres

Parmi les cas de violences, on a noté par exemple une vidéo montrant un militaire en train de fouetter un chauffeur de taxi-bus couché face contre terre sur la chaussée. Devenue virale sur les réseaux sociaux, la vidéo est applaudie par quelques Congolais dont certains souhaitaient que le fouet soit le sort à réserver aux conducteurs de motos taxis communément appelés « wewa ».

D’autres violences dans la rue étaient portées sur des personnes à faciès tutsi. Au Maniema, des jeunes ont été vus dans la rue, portant des machettes et vociférant des menaces de mort.

Outre les massacres quasi quotidiens à Beni et en Ituri, il y a lieu de relever en particulier celui de Kishishe au Nord-Kivu : 272 morts attribués au M23, ainsi que celui de Kwamouth : 180 morts, résultat du conflit inter ethnique entre les peuples Yaka et Teke dans la province du Mai-Ndombe.

Au Kasaï-Oriental, un vieux conflit foncier opposant, en territoire de Katanda, les communautés Bena Nshimba, Bena Kapuya et Bena Mwembia, a généré en 2022 des affrontements et de nombreux discours de haine ethnique. Il a été dénombré plusieurs morts, mais aussi des habitations incendiées et des plantations détruites.

XIV. Initiatives de réconciliation en 2022

En 2022, nous avons noté quelques initiatives allant dans le sens de la réconciliation et la consolidation de la paix. C’est le cas de :

  • Table ronde sur la paix et le vivre-ensemble entre Katangais et Kasaïens ;
  • Forum de réconciliation katangaise ;
  • Rencontre Félix Tshisekedi et communauté tutsie et hutu ;
  • Sommet de Kinshasa sur les discours de haine organisé par l’ONU pour les pays d’Afrique centrale ;
  • Forum de consolidation de la cohésion sociale dans la région Centre de la RDC organisé par la Maison civile du président Félix Tshisekedi à l’hôtel Béatrice à Kinshasa ;
  • Etc.

XV. Recommandations

Au vu des dégâts que font les discours de haine sur le vivre-ensemble en République démocratique du Congo, Africa Sans Haine fait les recommandations suivantes :

  • Doter la RDC d’une loi spéciale sur les discours de haine ;
  • Systématiser les poursuites judiciaires contre les auteurs de discours de haine ;
  • Allouer un budget de l’État à la lutte contre les discours de haine ;
  • Amplifier les formations et la sensibilisation sur la lutte contre les discours de haine ;
  • Insérer la lutte contre les discours de haine dans le programme scolaire et universitaire.

Africa Sans Haine

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