Le verdict du procès Sankara peut-il réconcilier les Burkinabé ?
Environ 34 ans après son assassinat, le très populaire feu Thomas Sankara a enfin eu droit à la justice. Les personnalités impliquées dans son assassinat ont été condamnées à la prison à perpétuité. Parmi elles, l’ancien président Blaise Compaoré.
Le verdict de ce procès a été prononcé mercredi 6 avril par le tribunal militaire de Ouagadougou. Un verdict salué par un grand nombre de Burkinabé, mais aussi par la veuve de l’illustre disparu, Mariam Sankara, qui s’est dit soulagée. Même motif de satisfaction au-delà des frontières du pays des hommes intègres. Le président Sankara est considéré en Afrique comme le symbole de la lutte contre l’impérialisme et le néo-colonialisme.
Justice d’abord, réconciliation après ?
Toute la question est de savoir si ce verdict réhabilitant ce grand homme assassiné en 1987 peut favoriser la réconciliation nationale au Burkina Faso. La réponse est oui, car la vraie réconciliation ne pouvait se faire au détriment de la justice. Maintenant que justice a été rendue à Thomas Sankara, il est temps que les Burkinabé applanissent leurs divergences et regardent dans la même direction.
Il est vrai que le pays reste divisé entre les pro et les anti Blaise Compaoré, et que ce dernier a écopé d’une peine de prison à perpétuité pour complicité d’assassinat de Sankara. Mais il (Compaoré) n’a récolté que ce qu’il avait semé. Sa condamnation ne devrait nullement compromettre la réconciliation. De toute façon, réconciliation ou non, chaque criminel doit répondre de ses actes devant la justice.
Et il existe encore un autre dossier d’assassinat, notamment celui du journaliste Norbert Zongo qui lui aussi attend justice. Un petit frère de l’ancien président Blaise Compaoré y est pointé du doigt comme suspect.
« On ne peut pas faire la réconciliation sans la justice. Il y a le dossier Thomas Sankara, mais il y a d’autres dossiers aussi. Il faut absolument que ces dossiers passent, mais c’est aux Burkinabè de voir. Il y a beaucoup de problèmes à résoudre quand même avant d’arriver à la réconciliation », a déclaré Mariam Sankara sur RFI.
Quoi qu’il arrive, le fait que les auteurs du crime contre le capitaine Sankara soient aujourd’hui condamnés par la justice est une grande avancée dans le sens de la réconciliation entre Burkinabé.