Coup d’Etat en Guinée : Alpha Condé récolte ce qu’il a semé
Il avait pris un troisième mandat en décembre 2020 et nul ne pouvait imaginer qu’il serait destitué neuf mois après par un coup d’État. Alpha Condé a passé sa première nuit en détention. Le nouvel homme fort de la Guinée s’appelle Mamady Doumbouya, un colonel des forces spéciales guinéennes et ancien légionnaire de l’armée française.
Au vu de la manière dont Alpha Condé a dirigé le pays, nul doute qu’il n’a récolté que ce qu’il a semé. L’homme était devenu le mal guinéen. Pourtant en 2010, les Guinéens avaient fondé beaucoup d’espoir sur lui en voyant l’opposant historique qu’il était accéder au pouvoir par les urnes. Il était intellectuel et professeur d’université.
Très vite les espoirs ont été déçus. Le président n’a pas réussi à changer en bien le quotidien des Guinéens. Malgré des richesses qualifiées de scandale géologique, le pays reste l’un des plus pauvres de la planète.
Répression, haine ethnique, troisième mandat
Le régime du président Alpha Condé a cristallisé les divisions ethniques. Les Peuhls par exemple ont été victimes d’actes de haine ethnique et de stigmatisation de la part des membres de l’ethnie du président, les Malinkés. La terreur et la répression contre les opposants ont longtemps été le mode opératoire du régime. Toute contestation était réprimée dans le sang.
En 2020, le président Condé opère un passage en force en modifiant la Constitution pour briguer un troisième mandat consécutif. Après des élections très contestées, il est investi le 15 décembre pour un troisième mandat. Des dizaines de Guinéens sont morts dans la contestation. Alors que la situation des Guinéens allait de mal en pis, le président est resté droit dans ses bottes.
Lorsque vous gérez le pays de cette manière, il faut s’attendre à un soulèvement, une tempête qui pourrait vous emporter vous-même. Et c’est un coup d’État qui a mis un terme à un peu plus de 10 ans de règne chaotique.
Et les Guinéens dans leur majorité ne semblent pas du tout regretter sa destitution. On a vu plutôt des scènes de liesse dans certains quartiers de Conakry ce dimanche. Des populations accompagnant les putschistes dans la rue. « Cette fois, le dictateur a rencontré plus puissant que lui », se réjouissait un manifestant.
Grave recul démocratique en Afrique
Avec ce nième coup d’État, l’Afrique fait un énorme retour en arrière. Les quelques années de démocratie se sont effondrées. Chassez le naturel il reviendra au galop ? L’Afrique de l’Ouest, qui passait pour un modèle de démocratie avec des pays comme le Ghana, est redescendue plus bas. Modification des Constitutions, terrorisme, coups d’Etat, troisièmes mandats…
En Guinée, la société civile soutient ce coup d’État du colonel Mamady Doumbouya et exige la tenue d’un dialogue national. Africa Sans Haine espère qu’un tel dialogue puisse se tenir rapidement et permettre la réconciliation des Guinéens. L’Afrique doit se ressaisir et se débarrasser de mauvais dirigeants.