Goma-Bukavu : les rebelles du M23-AFC utilisent le fouet pour « éduquer » la population !
Dans les villes de Goma et de Bukavu, à l’est de la RDC, une nouvelle forme d’« éducation citoyenne » imposée par les rebelles AFC/M23 (soutenus par le Rwanda) suscite à la fois peur, indignation et révolte. Cette « éducation » se fait par la flagellation. Qualifiée de « système du fouet », la méthode est présentée par ces groupes armés comme une manière de restaurer l’ordre public. Nous dénonçons cette pratique barbare qui met gravement en danger la vie des citoyens.
Sous prétexte de sanctionner les actes d’incivisme tels que : le mauvais stationnement, le non-respect du port de casque pour les motards ou encore le commerce informel dans des zones non autorisées, les rebelles utilisent le fouet comme instrument de « justice instantanée ». Les victimes sont tabassées publiquement, sans procès, sans explication et sans aucun respect des droits humains.
Des témoignages bouleversants
« Ils te frappent avec des câbles électriques, des lanières renforcées, et même des bâtons gainés de métal », témoigne un habitant du quartier Majengo à Goma, dont nous taisons le nom. Ces sévices corporels sont administrés principalement en plein ventre, sur les fesses, les épaules, le dos et les côtes. Certaines victimes reçoivent également des coups aux dents, provoquant des fractures maxillaires ou des traumatismes crâniens.
Un chauffeur de minibus, connu sous le nom de papa Safari (nom d’emprunt), a été victime de cette violence pour avoir stationné son véhicule à un endroit jugé inapproprié par les miliciens. Selon les témoins, il a été encerclé, traîné au sol, puis fouetté à plusieurs reprises devant ses passagers. Libéré après cette humiliation, il est rentré chez lui en boitant. Deux jours plus tard, il est décédé d’une hémorragie interne, causée par des fractures des côtes non soignées et une contusion au foie.
Un autre cas tragique concerne Bisengo, un jeune conducteur de taxi-moto de Kadutu, à Bukavu. Pris pour cible pour ne pas avoir respecté un sens interdit, il a reçu plus de 150 coups de fouet aux fesses. Depuis, il souffre de douleurs chroniques aux hanches et au dos. Faute de soins à Bukavu, sa famille a jugé bon de le transférer à Goma pour de meilleurs soins à l’hôpital de référence de Goma. Son état s’aggrave de jour en jour.
Un dernier exemple est celui de Stanislas, un jeune changeur de monnaie au rond-point Instigo à Goma. Alors qu’il tentait d’échapper à un vol, il a été confondu avec un délinquant. Violemment passé à tabac, il a perdu deux dents et a été hospitalisé pendant deux semaines pour des lésions internes.
Des conséquences invisibles, mais fatales
Au-delà des blessures visibles, le fameux « système du fouet » entraîne des conséquences à long terme sur la santé physique et mentale des victimes. Plusieurs médecins alertent sur les risques de lésions osseuses, de paralysie, d’hémorragies internes ou de traumatismes psychologiques. La population, elle, reste tétanisée entre la peur de dénoncer et le besoin de justice.
« Tu pars vivant, mais tu meurs lentement », résume un ancien enseignant à Goma. Cette stratégie d’humiliation collective, importée selon plusieurs sources des méthodes de contrôle utilisées au Rwanda, viole les droits fondamentaux des citoyens congolais et renforce un climat de terreur.
La tension couve dans une population muselée
Face à ces abus, les murmures de révolte grandissent. Les familles endeuillées, les syndicats de transporteurs, les associations de défense des droits humains tirent la sonnette d’alarme. Mais dans les zones sous contrôle rebelle, toute protestation est étouffée. Le silence officiel des autorités provinciales, combiné à la peur de représailles, contribue à banaliser une violence qui est loin d’être anodine. Le recours au fouet comme mode de justice est un retour brutal à un système archaïque de domination, où la force prime sur le droit.
L’instauration du « système du fouet » à Goma et Bukavu n’est pas seulement une atteinte à la dignité humaine ; c’est une preuve que dans les régions sous contrôle rebelle, la terreur s’est érigée en norme. Il est temps que la société civile, les médias, les ONG et la communauté internationale élèvent la voix pour dire non à ces pratiques moyenâgeuses qui tuent à petit feu les civils de l’est de la RDC.
Déo Bigoma