Modèle de démocratie : le colonel Mamady Doumbouya a loupé une occasion de se taire !
Unique chef de la junte africaine invité à l’Assemblée générale de l’ONU, le président guinéen de la transition, le colonel Doumbouya a présenté un bon discours, mais ponctué de contrevérités. Par exemple, pour lui, « le modèle occidental de démocratie ne marche pas en Afrique ». Des propos qui ont énervé même dans son propre pays. Il aurait mieux fait de se taire sur ce sujet !
Un putschiste qui donne des leçons de démocratie ! En fait, ce que nous rejetons en Afrique c’est l’impérialisme occidental et non le modèle de démocratie occidental. Il n’y a rien à reprocher à la démocratie : ce sont plutôt nos dirigeants qui sont mauvais et qui ne respectent pas le jeu démocratique. Ce n’est pas l’Occident qui a dit par exemple à Alpha Condé de changer la Constitution pour s’octroyer un troisième mandat.
En diabolisant la démocratie, le président Doumbouya crache sur la mémoire des Guinéens et des Africains qui ont payé de leurs vies pour l’avènement de la démocratie en Afrique.
Du coup, il y a lieu de poser deux questions au colonel putschiste : Quelle Afrique l’a mandaté pour parler de démocratie à l’ONU ? Un putschiste peut-il aimer le modèle de démocratie occidental, sachant que c’est le modèle même qui l’oblige à remettre le pouvoir aux civils ? … Une telle audace n’a d’égal que le fait d’être arrivé là par les armes.
En réalité, ce que Doumbouya devait dire ouvertement est que : le modèle de démocratie occidentale est incompatible avec les juntes militaires. Car, son discours était bien celui d’un représentant des régimes de coups d’État et non d’un représentant légitime de l’Afrique. Pourtant, ce « modèle de démocratie occidental », dont il a horreur, marche quand-même assez bien au Ghana, en Afrique du Sud, au Sénégal, au Kenya, en Tanzanie… Même si tout n’est pas parfait.
Or, si la démocratie à l’occidentale ne convient pas à l’Afrique comme le dit le colonel, quel est donc pour lui le bon modèle pour le continent ? Le modèle russe ou chinois ? Ou alors, le modèle de coups d’État ? L’Afrique, dans ses traditions politiques ancestrales, ne connaissait aucune démocratie. C’étaient des royaumes et des monarchies dont le pouvoir était dynastique.
Le colonel a, pour rien, gâché lui-même un discours où il a pourtant dit de très bonnes choses. Beaucoup de Guinéens attendaient plutôt qu’il dise un mot sur par exemple à quelle date il va rétablir l’ordre constitutionnel dans son pays. Il devait également dire un mot sur les libertés publiques et les droits de l’homme qui sont aujourd’hui en péril en Guinée. Mais il est resté silencieux sur ces sujets, alors qu’il avait devant lui des partenaires de la Guinée à rassurer.
A vrai dire, le retour à l’ordre constitutionnel semble ne plus être une préoccupation dans la pensée du colonel Doumbouya. Il a déjà pris goût au pouvoir, et veut y prendre racine comme c’est le cas de tous ceux qui haïssent le modèle de démocratie occidental.
L’Afrique n’a pas besoin de tels dirigeants.