RDC : des journalistes et des acteurs politiques et de la société civile formés à la lutte contre la haine en période électorale
Samedi 14 janvier 2023, Africa Sans Haine a formé un parterre de journalistes, d’acteurs politiques et de la société civile sur les techniques de lutte contre les discours de haine en période électorale. Financée par PeaceTechLab, la formation a eu lieu dans la ville de Mbujimayi au centre de la République démocratique du Congo.
Au total, 30 personnes notamment, 10 membres des partis politiques, 10 journalistes et 10 acteurs de la société civile, ont suivi ce renforcement de capacités dans la salle Marie-Agnès à Mbujimayi. Thème du jour : « Lutte contre les discours de haine et la désinformation en période électorale en RDC. » En effet, la haine ne devrait jamais être utilisée comme un argument électoral.
Africa Sans Haine a choisi cette thématique compte tenu de la montée de discours de haine et de la désinformation à l’approche des élections prévues cette année 2023 en République démocratique du Congo. Tirant la leçon des scrutins de 2011 et 2018 marqués par des violences souvent dues aux discours de haine ethnique, ASH tire la sonnette d’alarme et appelle les autorités à prendre toutes les précautions pour prévenir de nouvelles violences électorales en 2023.
Le facilitateur Jean Hubert Bondo, directeur d’Africa Sans Haine, a préconisé plusieurs stratégies de lutte contre les discours de haine, parmi lesquelles :
– Naming and Shaming ;
– Amplifier les voix positives ;
– Campagne médiatique.
Le Naming and Shaming consiste à dénoncer le discours de haine et son auteur. Ce qui a pour conséquence de l’exposer à la clameur publique. Et dans le contexte électoral de la République démocratique du Congo, cette stratégie du Naming and Shaming est nécessaire pour décourager les auteurs des discours de haine et les en dissuader à l’avenir.
Le facilitateur a également montré l’importance d’une autre stratégie de lutte contre la haine, notamment celle d’amplifier les voix positives. Il est donc indispensable de mettre en lumière des personnalités éminentes de tout bord qui prônent la paix, l’unité, la réconciliation et la cohésion sociale en période électorale en République démocratique du Congo. Relayer leurs messages positifs. Les journalistes, les membres des partis politiques et de la société civile ont été encouragés à faire recours à cette stratégie pour brouiller les voix qui émettent des discours haineux et dangereux.
Une dernière stratégie proposée aux participants est celle de la campagne médiatique. On peut le faire en lançant par exemple un hashtag sur les médias et les réseaux sociaux pour défendre une cause ou dénoncer les discours de haine. Pour cela, on peut s’inspirer des hashtags qui ont bien fonctionné comme #BlackLivesMatter, #RwandaIsKilling, #ÉlectionsBitumbaTe, etc.
S’agissant de la lutte contre la désinformation, le facilitateur a beaucoup insisté sur la vérification de fausses images qui seront partagées en période électorale. Il a par exemple expliqué comment dénicher les deepfakes.
Les participants, dont un membre de la Commission électorale (Céni), ont eu également à bénéficier de quelques outils de collecte de données sur Internet. Entre autres TrendsMap, Crowdtangle et Vicinitas. Une séance d’exercice pratique sur ces outils, ainsi qu’une photo de famille ont clôturé l’activité. Beaucoup ont dit leur satisfaction pour cette formation qui, selon eux, tombe à point nommé en cette période où les discours liés au processus électoral sont de plus en plus virulents et toxiques en République démocratique du Congo.
Dans la plupart des cas, les militants des partis politiques et les professionnels des médias ont été présentés comme étant les plus actifs dans la propagation des discours de haine en période électorale. Les premiers le font pour soutenir leurs leaders politiques ou leurs candidats ; les seconds se comportant en agents de propagande des leaders politiques. Et tous ces discours de haine visent essentiellement les adversaires politiques et certains groupes ethniques du pays.
Les différents participants à la formation se sont engagés à dénoncer les discours de haine d’où qu’ils viennent, mais aussi à partager les matières apprises. Ils ont souhaité que se multiplie ce genre de renforcement de capacités au fur et à mesure qu’on s’approche du mois de décembre 2023 où auront lieu les élections présidentielle et législatives en République démocratique du Congo.