Des cas d’extorsions de véhicules des civils rapportés à Goma

Depuis plusieurs semaines, la ville de Goma dans l’est de la RDC, est le théâtre de scènes dignes des films d’action. Les habitants font face à  des extorsions de leurs véhicules par des hommes armés, identifiés comme membres du mouvement rebelle AFC-M23. Les engins ainsi confisqués sont acheminés au Rwanda.

Selon les témoignages de plusieurs victimes, les rebelles cibleraient des véhicules neufs ou de modèle haut de gamme, particulièrement ceux qui ressemblent à ceux utilisés par des députés, des cadres de l’administration ou des membres des forces de l’ordre.

Le même mode opératoire

Jean-Pierre (nom d’emprunt), un jeune entrepreneur de 32 ans, témoigne : « Je venais à peine de sortir du centre-ville avec mon véhicule flambant neuf. Arrivé au rond-point Signers, un véhicule militaire me coupe la route. Un homme en uniforme descend et me braque dessus une arme. Il me dit que la voiture appartient désormais à leur ‘armée’. Je ne pouvais pas résister. » Son véhicule a été emporté vers une destination inconnue, mais selon les informations reçues plus tard, il (véhicule) aurait traversé la frontière vers le Rwanda.

Ce cas n’est pas isolé. Au quartier Ndosho par exemple, un jeune homme de 28 ans raconte comment il a été attaqué en pleine journée alors qu’il était en compagnie de son père. « Ils nous ont arrêtés et ont accusé mon père d’être un colonel FARDC déguisé. Malgré les explications, ils lui ont tiré dessus sans ménagement. Notre voiture a été emmenée aussitôt. Puis j’ai appris qu’elle avait été vue dans une ville rwandaise. »

Une autre victime (une femme) affirme avoir  été arrêtée à un barrage non identifié alors qu’elle revenait d’une messe dominicale. « Ils m’ont demandé si je travaillais pour les FARDC. Selon eux, mon véhicule était trop propre pour appartenir à une simple civile. En moins de cinq minutes, ils m’ont fait descendre et ont amené le véhicule », explique-t-elle.

« Ils visent des biens de valeur »

Selon plusieurs observateurs, cette multiplication d’extorsions de voitures pourrait être une stratégie en prévision d’un éventuel futur repli des rebelles du M23 vers le Rwanda.  « C’est du pillage organisé. Ils prennent tout ce qui a de la valeur, en particulier des voitures. Ils les transfèrent vers le Rwanda par les points de passage qu’ils contrôlent discrètement », explique un analyste de la situation sécuritaire locale qui a requis l’anonymat.

Ce phénomène alimente la peur et la frustration au sein de la population. Non seulement les civils vivent dans la crainte constante d’être attaqués, mais ils réalisent aussi qu’aucune plainte, ni recours n’est possible. « Si tu protestes, tu es mort sur place ! », affirme un témoin encore sous le choc.

Un appel au secours

Face à ces actes, la population de Goma dit ne pas savoir à quel saint se vouer. Elle appelle au secours. Ses différents biens sont régulièrement ravis, tandis que les voix qui dénoncent ces exactions sont étouffées. « On ne peut pas continuer à vivre comme des proies dans notre propre ville », se plaint une femme parmi les victimes de ces extorsions de voitures.

Deo Bigoma

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